La lettre hebdomadaire de Café IA

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Bonjour à toutes et tous !

 

Nous sommes le vendredi 10 octobre 2025. Bienvenue dans la lettre d’information de Café IA. Au menu de cette semaine : 3 questions à… Anthony Claverie ✦ Café IA dans la presse ✦ Café animation : rendez-vous le 23 octobre ✦ La veille de Café IA ✦ La ressource de la semaine : Atelier Cybersécurité clé en mains ✦ Et toujours la liste des prochains Cafés IA. 

 

Bonne lecture!

 
 

3 questions à Anthony Claverie

 

Cette semaine nous rencontrons Anthony Claverie, directeur adjoint innovation organisationnelle de la ville d’Antibes. Depuis plus d’un an, Anthony a organisé une vingtaine de Cafés IA au rythme de deux par mois, attirant un public fidèle et diversifié. Ses Cafés IA ont donné lieu à de nombreuses initiatives locales, touchant l’ensemble des agents de la collectivité.

 
 

Pourquoi avez-vous lancé la démarche Café IA au sein de la collectivité d’Antibes ; a-t-elle répondu à un besoin particulier ?

 

« Les Cafés IA sont nés d’une volonté de faire bouger les lignes en matière d’innovation organisationnelle. Mon rôle, tel que je le conçois, c’est un peu celui d’une sentinelle : être à l’affût des nouvelles tendances, notamment technologiques mais pas que, qu’elles soient émergentes ou déjà bien présentes, mais encore sous-estimées dans ses impacts.

 

L’idée était simple, mais essentielle : ouvrir un espace-temps de réflexion transversal sur l’usage du numérique au sein de la collectivité. Aujourd’hui, on est très bien formés sur le fond - un juriste maîtrise le Code civil sur le bout des doigts, par exemple - mais les outils qui nous permettent de travailler au quotidien, comme un tableur ou un logiciel collaboratif, ne font souvent l’objet d’aucune formation. Et pourtant, ils sont devenus incontournables !

 

Je ne suis pas un service de formation, mais je crois profondément à la force des échanges informels, des discussions ouvertes, des questionnements partagés. C’est exactement l’esprit des Cafés IA : un moment convivial pour s’interroger ensemble, découvrir, apprendre, et surtout, créer du lien entre les agents de toutes les directions.

 

Ce format a rapidement montré tout son potentiel : il permet de décloisonner les services, de favoriser la collaboration et de stimuler une réflexion collective sur les enjeux du numérique et de l’intelligence artificielle. Une initiative simple, mais puissante, qui a su trouver sa place et répondre à une vraie attente. »

 

Comment s’est déroulée la mise en place de la démarche ?

 

« Dès que j’ai proposé l’idée des Cafés IA à ma Direction et à la Direction générale des Services, j’ai reçu un soutien immédiat. J’ai pu investir un espace encore inoccupé, avec une grande liberté pour expérimenter et structurer la démarche à mon rythme. Ce cadre bienveillant m’a permis de poser les bases d’une dynamique régulière, qui suscite aujourd’hui un véritable intérêt, tant pour les sujets traités que pour la qualité des échanges qu’ils génèrent.

 

Les Cafés IA réunissent en moyenne une petite dizaine de participants par session. On y retrouve un noyau fidèle, enrichi par d’autres agents qui viennent en fonction des thématiques abordées. L’essentiel, pour moi, n’est pas de remplir une salle, mais de garantir un espace d’échange sincère où chacun peut s’exprimer. Si, à la fin d’un Café IA, tout le monde a eu l’occasion de partager son point de vue et de monter un peu en compétence, alors c’est mission accomplie.

 

Ce que je cherche à créer, c’est un lieu ouvert et inclusif, qui reflète toute la diversité des profils de notre collectivité. L’objectif n’est pas de réunir 200 ingénieurs, 200 juristes ou 200 professionnels de la culture autour d’une même table, mais bien de créer des espace-temps où les profils se mélangent. La richesse d’un Café IA réside précisément dans cette diversité d’expériences et de perspectives, qui permet d’enrichir les discussions et de croiser les regards sur le numérique et l’intelligence artificielle.

 

Aujourd’hui, je propose un Café IA d’une heure tous les quinze jours. Le contenu reste volontairement souple, je l’ajuste en fonction des participants et de leur contexte de travail. L’idée est d’offrir un temps pour apprendre, débattre, expérimenter et réfléchir ensemble sur nos pratiques numériques. En général, je consacre les 15 ou 20 premières minutes à une thématique spécifique et s’en suivent les échanges souvent engagés ! Et vu l’infinité des sujets à explorer, les Cafés IA pourraient très bien ne jamais s’arrêter ! Mon bureau est d’ailleurs ouvert en continu à celles et ceux qui souhaitent échanger sur le numérique ou l’intelligence artificielle, de façon plus informelle.

 

Un des défis est de choisir des sujets d’actualité qui captent l’intérêt… tout en allant au-delà des évidences. Il ne suffit pas de traiter uniquement ce qui attire naturellement : je tiens aussi à faire émerger des thématiques moins connues, mais tout aussi essentielles. Par exemple, si je ne mets pas à l’agenda la question de l’impact environnemental des IA, peu de personnes penseraient spontanément à la proposer alors qu’elle est, de mon point de vue, fondamentale. C’est donc aussi mon rôle d’éveiller la curiosité, de susciter des prises de conscience, d’ouvrir des pistes de réflexion.

 

Mes ressources pour alimenter cette démarche ? C'est Internet, c'est la rue, c'est un musée, c'est une newsletter que je reçois, c'est une discussion que j'ai avec quelqu'un. En somme, c'est la vie quotidienne elle-même qui devient une source d’inspiration pour nourrir les Cafés IA.

 

Pour donner de la cohérence à l’ensemble, j’organise les Cafés IA autour de cinq grands axes :

  1. La formation: comment mieux se former et s’informer sur le numérique et l’IA ? Cela peut passer par des newsletters (dont celle de Café IA, abonnez-vous !), des plateformes en ligne ou des ressources accessibles à tous.
  2. L’outillage: je présente régulièrement des outils pratiques, souvent transversaux, développés parfois par les services informatiques de la Ville, mais utiles bien au-delà de leur cadre initial.
  3. L’environnement: nous avons exploré, par exemple, l’outil Compar:IA pour mesurer la dimension environnementale, ainsi que la contribution de Mistral AI, qui permet d’aborder simplement les impacts respectifs de l’entraînement et de l’inférence sur l’environnement. Le module IA et Environnement est également une ressource incontournable !
  4. La culture: l’IA ne se limite pas à la technique. Elle touche aussi la création artistique. L’exposition de Bernard Venet au Musée Picasso d’Antibes, où des œuvres ont été générées par IA, a été l’occasion parfaite de croiser art et technologie.
  5. L’impact de l’IA sur le travail: c’est un thème récurrent : Comment nos métiers vont-ils évoluer ? De nombreuses discussions émergent, notamment autour de la propriété intellectuelle ou des droits des artistes dans l’entraînement des modèles d’IA. »

De manière plus générale, quel impact votre engagement dans les Cafés IA a-t-il eu sur votre service ?

 

« Aujourd’hui, nous avons parfois l’impression que ces moments d’échange existent depuis des années tant ils se sont ancrés dans notre fonctionnement !

 

Très vite, cette dynamique a débordé du cadre des rencontres. Avec mes collègues, nous avons lancé une brève interne mensuelle à destination de tous les agents de la ville composée d’informations courtes et percutantes, qui prolongent les discussions des Cafés IA. On y partage, par exemple, des données concrètes comme la quantité d’eau nécessaire pour générer 400 tokens avec le modèle Large 2 de Mistral AI. De quoi ancrer l’IA dans la réalité.

 

À la suite d’une session sur les biais algorithmiques, j’ai également pris la plume pour rédiger un article de sensibilisation, destiné à faire réfléchir les agents sur les biais présents dans notre rapport avec la machine au quotidien : ancrage, délégation, etc. Cela a permis de faire vivre l’esprit Café IA en rendant le contenu accessible à tous, y compris ceux qui n’y assistent pas.

 

Nous avons aussi conçu, de manière collaborative, un questionnaire interne. L’objectif est de mieux comprendre comment l’intelligence artificielle est perçue et utilisée dans les services, mesurer la notoriété des Cafés IA et identifier les agents curieux de participer. Ce questionnaire, dont les réponses sont en cours de collecte, va permettre d’élargir encore le dialogue, de poser des questions, de créer des ponts entre directions.

En résumé, les Cafés IA ont été bien plus qu’un simple cycle de rencontres : ils ont déclenché une véritable dynamique au sein de la Ville, en favorisant l’émergence de nouveaux contenus, d’initiatives collectives et de réflexions partagées autour de l’intelligence artificielle. »

 
 

☕ Les actualités de Café IA

Les prochaines sessions Café IA se dérouleront :

  • Du 10 au 12 octobre, au Mans et à Yvré-l’Evêque, à l’occasion de la fête de la Science, c’est par ici.
  • Le 14 octobre, plusieurs rendez-vous sont prévus :
    à Clermont-Ferrand, à l’Université Clermont Auvergne, avec Mariko, pour les Cafés IA au KAP - Learning Centre ;
     à Paris, avec Antonio Goncalvez, pour Je lance un Café IA à Paris ! ;
     et à Montpellier, pour le Café PédagoN’UM #9 - Café’IA : échanger et innover à l’heure de l’IA et du numérique.
  • Le 16 octobre, à Troyes, Benoit Martins Da Silva et Le Rucher Créatif proposent un Café IA grand public : mieux comprendre l’IA et ses impacts dans notre quotidien.
  • Le 17 octobre, à Camaret-sur-Mer, la Bibliothèque St Pol Roux (OT Presqu’île de Crozon - Aulne Maritime) accueillera le Café IA à la Bibliothèque St Pol Roux, programme et informations ici.
  • Le 18 octobre, à Dieppe (76), Bertrand Scache animera une rencontre sur l’IA et l’éducation.
  • Plusieurs dates avec le Réseau Canopé dans les Haut de France.

Retrouvez également tous les Cafés IA PME-TPE France Num par ici, dont des sessions à Paris (75), Nîmes (30), CCI du Morbihan (56), Pau (64).

 

📅Et les 29 et 30 octobre, nous serons à Strasbourg pour la 8e édition nationale de Numérique en Commun[s], pensez à réserver votre place ! Pour l’occasion, les équipes de numérique en Commun[s] publient une courte vidéo pour rappeler l’essentiel des enjeux à l’œuvre face à l’accélération technologique et poser les bases.

annonce de l'évènement La Tribune AIM

☀️ L'équipe de Café IA sera présente à Marseille les 13 et 14 novembre 2025 pour la 3e édition du AIMSummit à l'Orange Vélodrome ! Deux jours pour déchiffrer, questionner, anticiper et orienter les développements actuels et futurs de l'intelligence artificielle et leur impact sur nos sociétés. Gilles Babinet, initiateur de Café IA, sera notamment présent pour présenter la démarche et pour échanger sur les manières de diffuser une culture populaire du numérique et de l'IA. Pour s'inscrire, c'est par ici.

 

📰 Café IA à la Une de la presse

 
annonce de l'évènement La Tribune AIM
 

Le journal Le Monde a consacré un très bel article à Café IA en se rendant à l’un d’entre eux, celui organisé à la médiathèque Grains d’arts, à Carcassonne, animé par la documentaliste Hélène Martin : 

 

« A Carcassonne, Hélène Martin sépare ses sessions en quatre grandes parties. Le vocabulaire, les définitions globales, l’impact environnemental puis les origines et particularités des différents outils (Copilot, DeepSeek, Mistral AI, DALL-E, etc.). Si les adolescents semblent rompus au langage employé, c’est souvent moins le cas de leurs mères : « Je suis un peu perdue, c’est vraiment très pointu », confie l’une d’elles.

Selon l’animatrice, « l’important est d’insister sur les notions de protection des données personnelles et d’être le plus possible à l’écoute des évolutions rapides de cette technologie ». Au fond de la salle, apparemment un peu dépassée, une jeune fille s’est saisie d’une BD. Hélène Martin, pour sa part, souhaite développer ces ateliers dans d’autres lieux en lien avec les collectivités locales. Et décliner ses mots-clés face à l’IA : se protéger, transmettre, apprendre, écouter, encadrer. »

Le mois dernier, Café IA a également bénéficié d’une large couverture médiatique dans plusieurs titres nationaux et régionaux, parmi lesquels La Gazette France, Ouest-France, Sud Ouest, Presse Océan, La Gazette du Midi, La Montagne, Charente Libre, Dordogne Libre, Stratégies, Le Journal des Entreprises, Le Nouvel Observateur et News Tank Culture, qui ont tous salué la dynamique collective et la portée éducative du dispositif. Café IA est assurément un bon levier pour faire parler des initiatives de terrain dans la presse ! Bravo à tous !

annonce de l'évènement La Tribune AIM
 
 

🎨Les Cafés animation à venir !

Vous souhaitez animer un Café IA ou partager votre expérience ? Participez aux prochains cafés animations en ligne, le jeudi de 13h30 à 15h pour découvrir des formats d’animation, des ressources pédagogiques sur l’IA et faire part de vos retours d’expérience. Un moment convivial pour s’inspirer et apprendre ensemble !

 

Jeudi 23 octobre : La recette inratable vraiment inratable🥘 : un atelier pour discuter de la meilleure façon de réussir un Café IA depuis la recette inratable. Avec les conseils de notre cuisinière en chef, Cécile Raveaux !

 

📅 Pour vous inscrire aux prochains échanges, c’est ici.

 
 

📖A lire ailleurs

 

Le Delete Day de la génération Z

« Nous avons gaspillé bien trop de temps sur nos téléphones », constatent les promoteurs de l’appel, Time to refuse (Il est temps de refuser). Le manifeste de ce collectif est porté par l’influenceuse américaine Freya India, par Gabriela Nguyen qui est à l’origine d’Appstinence, de Sean Killingsworth qui a lancé le Reconnect Movement et Nicholas Plante responsable de campagne du collectif Design it for us - et est soutenu par la Young People Alliance ainsi que par le psychologue Jonathan Haidt, l’auteur de Génération anxieuse (Les arènes, 2025 - voir également le site dédié) et animateur du blog After Babel, sur lequel ces jeunes chercheurs et activistes ont tous publié. Le collectif en appelle à une journée d’action le 10 octobre en invitant les jeunes à effacer une des applications de leurs téléphones. Leur manifeste (« un appel à l'action pour la génération Z, par la génération Z ») rappelle que c’est à cette génération de faire quelque chose pour se protéger de l’envahissement numérique.

 

« Nous souffrons. Près de la moitié de la génération Z regrette l'existence de plateformes comme X et TikTok. Nous trouvons enfin les mots pour décrire ce qui nous est arrivé : l'impact du porno hardcore sur notre cerveau enfant, l'impact des applications et des algorithmes sur notre capacité de concentration, et le fait que nous ne pouvons même plus distinguer correctement notre propre visage dans nos images. Nous réalisons que ce n'était pas normal ; ce n'était pas une enfance. Nous sommes arrivés dans ce monde sans limite d'âge, sans barrières, avec si peu de protection. Et la plupart des jeunes adultes à qui nous parlons - hommes, femmes, de tous horizons - réagissent avec une horreur totale à l'idée que leurs futurs enfants vivent ce qu'ils ont vécu ».

 

« Il est temps de se demander ce qui peut être fait. Il est temps de construire quelque chose de nouveau. Il est temps de reprendre ce que nous valons ». Et les porteurs de l’initiative de profiter de la Journée mondiale de la santé mentale, pour inviter leur génération à agir. « Refusez. Refusez d'être un produit. Refusez d'exposer votre vie privée au jugement public. Refusez de perdre encore des années de votre vie à parcourir des contenus vides et sans fin qui vous dégradent, vous rendent amer, envieux et égocentriques, de publier pour des personnes qui se moquent complètement de vous. Refusez de donner un centimètre de plus à des entreprises qui font fortune en vous volant votre attention et en vous servant des informations insignifiantes. Et refusez que cela se reproduise » pour la génération suivante. « Nous devons être les adultes dont la prochaine génération aura besoin », c’est-à-dire refuser que les prochaines générations subissent la même chose que la génération Z a vécu.

 

Et le manifeste d’appeler à « supprimez vos comptes », « libérez-vous de la pression de publier ». « Nous pouvons refuser d'être la génération anxieuse. Nous pouvons être la génération dont l'enfance a été volée par les entreprises, mais qui a récupéré cette liberté pour ceux qui sont venus après ».

 

Dans un reportage pour le New York Times, la journaliste Christina Caron rappelle pourtant que ce mouvement n’est pas un mouvement particulièrement techno-critique. Il n’incite pas les élèves à modifier leur rapport à la technologie, juste à créer des moments de déconnexion, sans téléphones, et des moments de socialisation IRL.

 

Cette initiative arrive au moment même où les résultats du sondage trimestriel GWI Core, analysés par John Burn-Murdoch dans le Financial Times, montrent que l’usage mondial des réseaux sociaux, après avoir atteint un sommet en 2022, a continué de diminuer. Le temps passé sur ces plateformes a baissé de 10 % depuis 3 ans. Cette diminution est la plus marquée chez les jeunes de 16 à 34 ans, qui étaient jusqu’alors les plus grands utilisateurs de réseaux sociaux, tandis que l’usage semble s’être stabilisé (à un niveau inférieur) chez les plus âgés. Ce n’est peut-être pas une coïncidence si cette évolution est concomitante à l’arrivée de l’IA et continue de s’intensifier depuis.

On note une exception dans la chute de l’usage des réseaux sociaux chez les plus jeunes : les États-Unis. C’est la seule région du monde où l’usage des réseaux sociaux continue de croître, avec des niveaux 15 % plus élevés qu’en Europe en 2024.

 

Les modèles de raisonnement raisonnent-ils ?

Dans sa newsletter, la chercheuse Melanie Mitchell, auteure de Intelligence artificielle, triomphes et déceptions (Dunod, 2021) revient sur un article de recherche qu’elle vient de publier (avec nombre d’autres chercheurs) qui s’interroge de savoir si les modèles de raisonnement de l’IA effectuent un raisonnement abstrait de type humain. En se basant sur un test d’abstraction et de raisonnement devenu populaire, permettant de tester des concepts spatiaux et géométriques de base (comme de comprendre qu’il faut reproduire des images en saisissant la différence entre intérieur et extérieur, haut et bas, même ou différent, plus grand et plus petit…), l’enjeu est de faire que les systèmes transforment les données en appliquant ces grilles sans qu’elles leurs soient explicites. Les modèles de raisonnement d’IA comme o3 d'OpenAI ont dépassé la précision humaine moyenne sur le test, souligne Mitchell, mais cette précision ne dit pas tout. Font-ils de bonnes réponses pour les bonnes raisons ? C’est-à-dire saisissent-ils les abstractions voulues ou résolvent-ils les tâches en utilisant des raccourcis ? Les grands réseaux de neurones sont souvent connus pour découvrir de tels raccourcis inattendus afin de bien performer lors des tests de performance, mais ne sont ensuite pas capables de généraliser efficacement en dehors de leur « distribution » d'apprentissage.

 

Dans l’article, les chercheurs ont étudié plusieurs modèles de raisonnement en leur demandant non seulement de produire les résultats mais aussi d’énoncer les règles en langage naturel qui décrivent les demandes, en distinguant les règles correctes et exactes, les règles correctes mais sans les décrire correctement et incorrectes et les ont comparé aux résultats des humains.

 

« Nous avons constaté que, si o3, Claude et Gemini approchent ou dépassent la précision humaine dans ces tâches avec des entrées textuelles, ils sont nettement plus enclins à utiliser des raccourcis involontaires pour résoudre les tâches que les humains. Il est intéressant de noter que, contrairement aux humains, ces modèles ont tendance à décrire les grilles en termes de pixels, de couleurs, de colonnes et de lignes plutôt qu'en termes d'objets. Ainsi, du moins dans le contexte textuel, ils ne semblent pas avoir un fort a priori d'« objectivité » humaine. Avec des entrées visuelles, ces modèles génèrent tous des grilles assez peu précises. Cependant, ils génèrent plus souvent des règles « correctes comme prévu » que des grilles correctes, ce qui montre que, dans certains cas, ils sont capables de traiter correctement les entrées visuelles ».

 

« Le principal message à retenir de notre article, prévient la chercheuse, est que les évaluations qui reposent uniquement sur la précision pourraient surestimer la capacité de raisonnement abstrait de ces modèles, notamment dans le contexte textuel. Et qu’à l'inverse, utiliser uniquement la précision pourrait sous-estimer la capacité de raisonnement abstrait dans le contexte visuel ».

 

« C'est grâce à des abstractions de ce type que nous, humains, pouvons comprendre notre monde, prédire les conséquences probables de nos décisions et gérer efficacement la nouveauté », rappelle Mitchell. Et ce sont des choses que nous souhaitons que les systèmes d'IA accomplissent de manière plus fiable. De plus, si nous voulons collaborer avec les systèmes d'IA, il est essentiel de développer des modèles d'IA plus à même de saisir nos abstractions afin qu'ils puissent comprendre nos intentions et expliquer leur raisonnement de manière compréhensible. Il y a donc encore un peu de travail.

 

Le monopole publicitaire de Google est toujours en suspens

On s’en souvient, l’année dernière, le département de la justice américain menaçait Google de démantèlement au prétexte de ses monopoles dans la recherche en ligne du fait de la domination de son navigateur, Chrome et de son système Android. Après des mois de débats et de tractations, en septembre 2025, le démantèlement était repoussé par un juge fédéral. Mais Google était également accusé d’abus de position dominante dans le domaine de la publicité en ligne, avait conclu un tribunal fédéral de Virginie en avril. Les discussions entre le ministère de la justice et Google viennent de se tenir, rapporte le New York Times. Si la décision doit aboutir dans les prochains mois, le NYT explique que le Département de la justice propose à Google de vendre son système de mise en relation entre acheteurs et vendeurs d'espaces publicitaires, quand Google propose lui des modifications mineures à ses pratiques commerciales. La juge Brinkema estime que Google a établi un monopole sur les outils utilisés par les éditeurs pour héberger des espaces publicitaires et sur les systèmes de transactions, mais pas sur les outils utilisés par les annonceurs pour acheter ces espaces publicitaires.

 

Le ministère de la Justice estime que Google devrait vendre le logiciel qui met en relation les acheteurs et les vendeurs d’espaces publicitaires, connu sous le nom d’» ad exchange » et rendre public le code utilisé par ses outils d'édition pour gérer les enchères d'espaces publicitaires. Les avocats de Google ont déclaré de leur côté que la proposition du gouvernement était trop complexe à mettre en œuvre sans nuire aux éditeurs qui utilisent ses systèmes automatisés pour vendre des publicités, en particulier les petites entreprises qui dépendent de la technologie de l'entreprise pour mener leurs activités. Des experts de Google ont également expliqué que les produits de technologie publicitaire en question étaient trop liés aux systèmes de Google pour être facilement scindés. Un système qui reçoit 8,2 millions de demandes de vente d'espace publicitaire chaque seconde. Les avocats de Google ont plutôt proposé que l'entreprise optimise la compatibilité de ses systèmes avec les produits de ses concurrents et que l’entreprise modifie également ses politiques afin de faciliter l'utilisation des outils de ses concurrents par les éditeurs. Des concurrents de Google, comme PubMatic et Equativ, ont bien sûr déclaré soutenir la proposition de cession. Pour la juge, si Google était tenu de suivre de nouvelles règles, il reste difficile au tribunal d’anticiper les moyens que pourrait trouver l’entreprise pour les contourner. Elle a néanmoins invité les deux parties à trouver un accord à l’amiable.

 

IA, activité et compétitivité des entreprises

La mission d’information relative aux effets de l’IA sur l’activité et la compétitivité des entreprises françaises, créée en mars par la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale a rendu son rapport. Les co-rapporteurs, les députés Antoine Golliot et Emmanuelle Hoffman ont formulé 70 recommandations pour que l’IA devienne « un levier de compétitivité et de souveraineté ». Le rapport dresse pourtant une analyse nuancée et souligne que la diffusion de l’IA reste encore très inégale et que son impact sur la productivité et l’organisation du travail est difficile à évaluer. Les rapporteurs promeuvent un effort de formation et la nécessité de renforcer voire de renouveler le dialogue social. Au niveau des mesures en ce sens, les rapporteurs préconisent de renforcer l’obligation d’engager des procédures d’information et de consultation des instances représentatives du personnel dès le lancement de projets d’IA, même au stade expérimental voire d’introduire l’IA dans les négociations annuelles obligatoires et dans la consultation des comités social et économiques des entreprises.

 
 

💡 La ressource de la semaine

Un atelier cybersécurité clé en mains

Après les ateliers Future of Tech et Future of IA, Latitudes vient de lancer un nouvel atelier - co-construit avec Campus Cyber - destiné aux élèves de collège et lycée : Future of Cyber, un atelier ludique de 2h qui propose d’explorer les enjeux de la cybersécurité pour comprendre les risques et imaginer des solutions.

 
 

👋 Avant de partir

Merci de nous avoir lu ! Si vous avez apprécié la lettre d’information de cette semaine, partagez-la ! Tout à chacun peut s’inscrire ici.

 

Comme d’habitude, n’hésitez pas à nous faire vos retours. Vous avez des questions, des remarques ou des suggestions ou vous souhaitez que nous abordions un sujet en particulier ? Nous sommes à votre écoute ! N’hésitez pas à répondre à ce mail ou à nous écrire à bonjour@cafeia.org. 

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